Cette newsletter est mon récit d'un changement de vie complet, fait à l'aube de mes quarante ans. Le journal d'une déconstruction progressive de tout ce que je pensais être "la norme" : le salariat, la montée dans la hiérarchie, le management d’une grande équipe, travailler dur mais consommer beaucoup, et se dire qu'on profitera quand viendra la retraite.
J’ai aujourd’hui une vie simple avec plusieurs activités, qui m’occupent quelques heures par semaine : une marque regroupant des gîtes touristiques dans ma ville, un e-commerce de décoration intérieure et l’écriture de cette newsletter.
Plus de réveil le matin, pas de patron, pas de collègues non plus, travailler de la maison et moins de revenus.
Tout cela ouvre de nouveaux challenges que j’essaye de relever depuis bientôt 4 ans. Peut-être que ce chemin est ou sera aussi le vôtre ?
Je raconte mon histoire dans les 6 premiers articles :
1 - Découvrir la Rat Race, ma grande prise de conscience de 2018
2 - Mon premier virage, grâce au minimalisme depuis 2015
3 - Ma décision de moins travailler et de passer au 4/5ème en 2018
4 - Mes premiers investissements immobiliers en 2019
5 - Ma démission en 2021
6 - Ma nouvelle vie depuis 3 ans
Démissionner de mon emploi salarié a été une grande étape de ma vie en 2021.
Grande étape, car à la différence de mes autres démissions, je n’ai pas cherché de nouvel emploi.
J’ai décidé de changer de vie, de déménager de Paris vers la province et de ne plus travailler pour un patron, en contrat à durée indéterminée.
Donner la majorité de mon temps à d’autres personnes, sans rester aux commandes, ne me convenait plus. J’avais l’impression d’aller au travail avec des pieds de plomb et d’être enchainée à mon bureau.
Je me souviens que j’enviais les créateurs sur Youtube. Pas pour la notoriété, l’argent gagné mais pour le fait de les voir un jour de semaine se promener dehors, faire des courses etc…
La contrainte ne me réussit pas, et je le ressens encore plus maintenant que je me suis créée une vie avec très peu de règles imposées.
Pour raconter cette histoire de démission, je vais devoir faire quelques flash-back, pas tant pour dérouler mon CV, ce qui n’a que peu d’intérêt pour vous, mais plus pour tracer mon cheminement, qui se rapprochera peut-être du vôtre.
J’ai toujours été la bonne élève, très impliquée, assoiffée d’envie de nouveautés, ce qui a plus que satisfait la majorité de mes patrons/patronnes.
Les promotions venaient assez simplement, davantage de responsabilités, des personnes à manager.
La suite logique pour moi, ayant fait une prépa et une école de commerce.
J’ai pu me sentir très malheureuse et très heureuse, le bonheur venant souvent avec un nouveau challenge, et le malheur avec des conflits internes ou la prise de conscience que mon emploi ne m’apportait rien.
Le point commun de toutes mes années en tant que salariée a été de beaucoup travaillé.
Journée, soir, week-end, avec une impossibilité à décrocher.
Je me souviens essayer de ne pas regarder mes emails en vacances et craquer régulièrement.
En soi, je pensais que cela n’était pas mauvais, sauf que cela m’a amené plusieurs fois très proche de décrochage, à savoir des maladies qui se déclaraient et m’handicapaient.
J’ai arrêté de dormir pendant un an.
J’ai eu tellement mal au dos que j’ai dû me faire hospitaliser en clinique du sport pendant un mois.
Je n’ai jamais eu conscience que j’avais un quota de concentration, d’efforts, et que j’étais en train de l’épuiser.
J’ai appris dans la douleur que ces dérapages étaient annonciateur d’un renouveau à trouver.
Ma dernière expérience a été une dizaine d’années en start-up fintech.
Passionnant au début, beaucoup moins à la fin.
Ne jamais gagner assez d’argent pour espérer être rentable, dépenser les fonds des investisseurs, rêver à de grandes réussites qui ne venaient jamais…
Je vois maintenant les rouages d’un bon storytelling.
Sur le papier, tout est possible.
Dans la réalité, moins.
J’aurai l’occasion ici de partager un texte que j’ai écrit il y a deux ans sur la « finitude ».
Dans mes différents métiers, j’ai toujours eu la sensation que cela n’était jamais assez.
Il y avait toujours quelque chose d’autre à faire.
J’ai maintenant une vie constellée de choses finies.
Je peux me dire à un moment de ma journée que j’ai terminé ma to do.
Et cela a changé ma dynamique.
Je dirai que sur les 10 ans passés dans cette start-up, j’en ai bien mis 4 à m’en défaire.
Un de mes défauts est une fidélité excessive à mes sociétés, patrons, collègues.
Passer à la semaine de 4 jours a été l’amorce de ma prise de recul.
Le covid et confinement ont été des accélérateurs, comme pour beaucoup.
Même enfermée chez moi, j’ai pris plaisir à retrouver du temps pour faire autre chose, réfléchir, me reposer.
Et extraite de mon bureau parisien, participer aux réunions en Visio m’a donné la distance nécessaire pour comprendre que 99% de ce qu’il s’y passait ne servait à rien.
Ma boîte ne s’en sortait pas et les vrais problèmes étaient ignorés.
À ce moment-là, j’avais commencé réalisé des accompagnements en investissement immobilier.
Le fait d’investir est suffisamment rare pour créer un bouche-à-oreille par les amis et la famille.
J’ai formalisé une offre de coaching en quelques heures pour un ami d’amie.
En parallèle, j’ai découvert le fait de pouvoir se reconvertir en touchant le chômage.
Avoir une ancienneté en entreprise et un projet entrepreneuriale sont demandés.
Ensuite, il faut remplir un dossier et s’il est accepté, la démission doit être déposée dans les six mois.
Ce que j’ai fait.
À côté de tout cela, dans l’ennui du confinement, je m’étais intéressée au monde de la cryptomonnaie et j’ai appris à faire du trading. Je travaillais depuis dix ans dans l’univers bancaire, du paiement en ligne. Ces nouveautés m’ont intriguées et enthousiasmée. Et j’ai pu leur consacrer du temps pour bien les comprendre. Un plaisir que je n’avais pas ressenti depuis longtemps, cadenassée par mon emploi qui remplissait tout.
Le « bull run » (hausse folle) qui s’est passé alors a coïncidé avec l’acceptation de mon dossier de reconversion par Pôle Emploi.
En parallèle, nos investissements immobiliers commençaient à bien tourner.
Cela m’a fait sauter le pas.
Démission posée, départ en mai 2021.
Mois de mai 2021 où j’ai passé ma première mammographie et où on a m’a trouvé une masse dans le sein. Biopsie dès le lendemain, résultat négatif une semaine et demie après.
10 longs jours où je me suis demandée si ma vie ne s’écroulait pas.
Et ensuite l’inconnu.
Pour vous spoiler les trois années qui ont suivies, que je vais décrire dans mon prochain article, je n’ai pas poursuivie dans mon coaching en investissements.
J’ai aidé à distance une start-up à se lancer dans le paiement. Une petite aventure à trois, rafraîchissante.
J’ai tenté d’autres choses et j’ai surtout beaucoup investi en immobilier, toujours avec mon conjoint, puis avec mes parents.
J’ai pris beaucoup de recul, tellement que je me demande parfois si je saurai revenir dans une vie normale « socialement ».
Est-ce que je suis heureuse ?
Je répondrai que globalement oui, mais que se créer une vie simple et sans stress implique justement qu’un petit problème prend plus de proportions. Il résonne plus.
Et que j’ai appris à composer avec ça.
Apprendre à se reposer, à ne rien faire. Ce n’est pas dans mon ADN. Le changement fût long et je chemine encore.
Je ne suis plus du tout le même qu’il y a trois ans, et encore moins celle de ma vie parisienne d’avant. Et cela donne le vertige de tant changer.
Je suis beaucoup moins organisée, plus brouillonne.
Je me découvre à la fois indécise, et pleines de certitudes de ce que je ne veux plus.
Comme dans un bateau, sans destination, sur une mer qui est devient de plus en plus calme.
Me laisser beaucoup de temps libre, est ma réponse à mon besoin de vivre autrement. Je pense que de belles choses viendront de ce vide.
C’est difficile de ne pas le remplir, mais je m’emploie à réfléchir avant d’accepter quoique ce soit.
À bientôt ?
Il en faut du courage pour admettre puis passer à l’acte, démissionner ! Comment as tu fait pour réussir à attendre autant de temps alors que tu n’étais plus épanouie et désengagée ? Je n’aurais jamais eu cette patience 😅
C’est fou comme je me retrouve dans ton ancienne situation. J’ai 29 ans, et cela fait 5 ans que je me donne par passion dans une startup. Bonne élève, dévouée aux fondateurs, passionnée par le sujet… mais j’ai abandonné tout ce qui me rendait aussi heureuse à côté. J’ai frôlé le burnout il y a 2 ans, ma santé physique en a pris un coup (100% télétravail). Récemment, nous sommes passés à la semaine de 4 jours et c’est grâce à cela que j’ai commencé à ralentir et à écrire ma newsletter qui raconte ma quête d’un meilleur équilibre de vie. 🙂 De mon côté je suis propriétaire de la résidence principale avec beaucoup de travaux (et donc de prêts) + investissement locatif dans 1 studio. Et j’ai aussi le sentiment de vivre avec un salaire insuffisant pour mes projets perso. La startup demande tellement d’énergie que je me demande si je réussirai à générer d’autres sources de revenus. En tout cas, ton parcours est inspirant !