Ce matin, j'ai ressenti le besoin d'écrire pour y voir plus clair. Fin octobre, l'heure est au bilan. Une prise de recul s'impose.
À chaque fois que je pense avoir trouvé mon rythme, que je commence à me poser, tout bascule. Deux, trois, quatre semaines passent, et les grandes prises de conscience surgissent.
Le repos, l'arrêt forcé, provoque toujours ces remises en question. C'est naturel, mais épuisant.
C'est aussi normal dans ma nouvelle vie, rythmée uniquement par mes choix. Ma vie de salariée d'avant était bien plus simple, stressante, avec moins de liberté certes, mais sur des rails.
Le corps crie stop
Mon premier combat : la fatigue qui s'accumule.
Les dernières semaines ressemblent à un marathon chaotique. Je sors de ma saison touristique le dos brisé. Je le fais réparer, je prends septembre pour récupérer, je retrouve un semblant d'énergie... et le covid frappe. Depuis un mois, la reprise est laborieuse.
En l'écrivant, je réalise que ce n'est ni catastrophique, ni interminable.
Mais cette fatigue me ronge. Elle bloque mes élans, freine mes projets, étouffe mes ambitions.
J'ai vécu un ou deux jours particulièrement sombres. Vous connaissez ces moments où vous touchez le fond ? Pour moi, c'était quand mon énergie s'est évaporée dès 14h. Ou cette migraine qui m'a plongée dans l'obscurité totale.
Le lendemain de ces crises apporte souvent une éclaircie. On respire mieux, on reprend espoir.
Puis on retombe.
Voilà mon quotidien depuis un mois.
Le grand écart permanent
Pendant ce temps, la vie continue :
Je maintiens à bout de bras mon activité de gîtes - les touristes sont encore là pendant les vacances de la Toussaint. D'ailleurs une révélation cette semaine : il n'y a pas que la haute et la basse saison. Il y a aussi une moyenne saison. Au final le marathon dure 8 mois (avril à octobre).
Je gère tant bien que mal les commandes de mon e-commerce.
Je m'efforce d'écrire mes deux articles hebdomadaires sur Substack.
Je tente de garder ma maison dans un état présentable (au moins pour moi-même).
Et je compte les jours qui me séparent de nos quinze jours de vacances en novembre.
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Et les épiphanies s'enchaînent
1. L'apprentissage comme thérapie
Depuis début octobre, je suis une formation en Revenue Management. J'apprends à optimiser les prix de mes hébergements touristiques.
Avant, je me contentais d'un système automatisé qui analysait les performances de la zone. C'était mieux que rien, mais très perfectible.
Maintenant, j'apprends à le faire moi-même. C'est complexe, mais stimulant.
Premier déclic : même épuisée, j'ai besoin d'apprendre. C'est vital, surtout dans mes phases de basse énergie.
Deuxième déclic : j'aurais dû le faire plus tôt (mieux gérer les prix de mes locations) dans un principe de 20/80.
2. Les sources de stress à éliminer
La fatigue amplifie tout. Dans cet état, je ne supporte plus rien. Logique.
Mon e-commerce est devenu ma principale source de stress. Trop d'éléments échappent à mon contrôle :
La qualité d'impression des affiches
L'emballage des cadres
L'efficacité de la livraison
La volonté des clients d'aller chercher leur commande en point relais (mon irritation d'hier soir)
Je sais, les avis positifs et les clients satisfaits équilibrent la balance. Mais le négatif pèse toujours plus lourd que le positif. Pour une activité qui nourrit mon besoin créatif mais ne me fait pas gagner un euro.
Premier déclic : et si j'arrêtais et réfléchissais à une autre façon de créer ?
Deuxième déclic : attends quand même ton premier Noel, période faste pour ce type de ecommerce.
3. La complexité entrepreneuriale française
S'ajoute à cela les méandres pour déclarer sa TVA. Je produis et envoie mes produits partout dans le monde. Chaque mois, je dois calculer et déclarer mes TVA. C'est un poids, je suis souvent en retard. Et je ne suis pas certaine de bien le faire.
Chaque jour, je scrute avec anxiété les débats sur la loi de finances pour mon activité de gîtes. Le bilan actuel :
Une taxe de séjour qui triple
Une taxe d'habitation qui bondit de 60%
La menace d'une TVA hôtelière
Ces changements ont leur logique : renflouer les caisses des villes, équilibrer la concurrence avec les hôtels.
Mais deux inquiétudes me taraudent :
L'aspect pratique : comment implémenter ces changements ? Comment les déclarer sur impots.gouv, ce labyrinthe administratif ?
L'impact sur les prix : bientôt, seuls les étrangers au fort pouvoir d'achat pourront louer nos logements
Un cas concret qui fait réfléchir
L'histoire de mon beau-frère illustre parfaitement cette complexité. Belge et résident canadien, il possède un petit logement dans notre ville. Il y séjourne plusieurs semaines par an pour nous voir.
Le reste du temps, je gère son bien en location touristique :
Chiffre d'affaires annuel : 30 000€
Investissement initial : un peu plus de 100 000€
Travaux : environ 30 000€
Sur le papier, c'est l'investissement rêvé.
La réalité est moins rose :
Un système fiscal incompréhensible, même pour moi qui m'y intéresse de près.
Il reste 13 000€ (sur les 30 000€ ) après déduction des charges (commissions des plateformes ~20%, ménage, gestion, électricité, eau, assurance, charges de copropriété, taxe foncière, taxe d'habitation, CFE (Cotisation Foncière des Entreprises))
Imposition à 37% sur les bénéfices pour les non-résidents
Résultat net : 8 000€
C'est honorable, mais avec un prêt à rembourser, le bénéfice s'évaporerait.
Une location classique rapporterait environ 10 000€ par an, soit 8 000€ après impôts. Même résultat, moins de tracas.
Au-delà du plaisir d'avoir un pied-à-terre en France, un simple placement financier serait probablement plus judicieux. Plus liquide, plus simple à gérer.
C'est dommage. Cette activité fait travailler plusieurs personnes. Nos voyageurs contribuent à l'économie locale (restaurants, commerces).
En ce moment, nous y avons une famille française avec 3 enfants qui viennent pour la troisième fois en un an tellement ils aiment le logement et la ville.
Le système décourage ce modèle. À raison peut-être : un étranger a-t-il « le droit » d'acheter un bien immobilier en France ?
Le cercle de la loose
Ces prises de conscience sont précieuses. Elles m'éclairent sur mes priorités, mes besoins profonds. Mais dans le tourbillon du quotidien, il est facile de les perdre de vue.
C'est là que le cercle vicieux s'installe. La fatigue et le stress créent un terrain propice aux mauvaises habitudes. Et ces mauvaises habitudes, en retour, alimentent la fatigue et le stress. Un vrai serpent qui se mord la queue.
Pour briser ce cycle, j'ai décidé de m'inspirer des conseils du blog Raptitude. Dans un récent article, David décrit avec justesse ce "snowball effect" des mauvaises habitudes.
En voici un extrait :
The dark cascade can get pretty entrenched for me. Gravity is way stronger on that side. When I start to snowball that way, I stay up later, I eat worse food, and I say yes to alcohol more often. Procrastination becomes pathological. Meditation feels less intuitive, and I skip it or half-ass it. I become less focused, less organized, and dramatically less productive. I become more needy for stimulation, glued to screens, discombobulated, slow to begin and finish anything. I feel bad about myself, and seek comfort from more bad snowball stuff. This can last weeks or months.
Il propose deux solutions :
celle la plus connue (gros reset, stopper toutes les mauvaises habitudes d'un coup pour de meilleures).
la sienne - remettre une ou deux bonnes habitudes doucement pour renverser la tendance.
Forte de cette prise de conscience, j'ai décidé d'appliquer sa méthode douce : réintroduire progressivement de bonnes habitudes, plutôt que de vouloir tout révolutionner d'un coup.
Concrètement, voici les deux changements que j'ai initiés :
Moins de jeux vidéos, plus de lecture
Moins en faire, mais garder ma maison rangée et propre.
C'est un début modeste, mais je sens déjà l'engrenage positif se mettre en place. Plus de lecture nourrissante, moins de temps perdu dans des activités chronophages. Un intérieur plus serein, propice à l'apaisement mental.
Bien sûr, il faudra du temps pour ancrer durablement ces nouveaux réflexes. Mais je suis confiante. Ces petits pas dans la bonne direction sont autant de graines semées pour l'avenir.
En attendant d'y voir plus clair, les vacances approchent. Une pause bienvenue pour démêler tous ces fils.
La bonne nouvelle est qu'écrire ici ne me demande pas d'efforts, c'est déjà ça non ?
À bientôt ?
Tiffany
Bon courage pour sortir de cet étrange labyrinthe énergétique !
J'ai connu des moments comme ça aussi et je sais que ça finit toujours par passer surtout quand tu es en train de revoir tes habitudes !
Merci Tiffany pour ton témoignage sincère et précieux.
Tes éclairages m'apporteront bien des pistes quand la fatigue viendra de nouveau toquer à ma porte.
Take care!